dimanche 11 décembre 2011

Enquête du magazine Maisonneuve sur la collusion dans le déneigement à Montréal

S'il y a un sujet délicat à Montréal, c'est le déneigement. Et à chaque année, en décembre, alors que les contrats sont tous déjà octroyés, la Ville nous présente son plan stratégique pour affronter l'hiver. 150 millions de dollars, 3 000 travailleurs et 2 200 appareils seront mobilisés nuits et jours pour assurer la sécurité des déplacements sur les 10 500 km de trottoirs et de chaussées de la Ville. Richard Deschamps en a même profité pour lancer une flèche aux arrondissements qui coupent dans leur budget de déneigement.

Mais derrière cette rhétorique guerrière (c'est vrai, on croirait vraiment être en guerre contre l'hiver) il y a le petit monde des octrois de contrats de déneigement, dans les arrondissements, et un jeu bien connu, celui des appels d"offres dont les heureux gagnants sont déjà connus avant même qu'on ait écrit les cahiers de charge.

C'est le magazine anglophone Maisonneuve qui met ce racket du déneigement sur la sellette, avec un reportage d'enquête mené par la journaliste Selena Ross. Faisant le lien avec les entreprises de construction de la région montréalaise, la plupart opérant des opérations de déneigement l'hiver pour rentabiliser leur machinerie, elle conclut que les coûts sont gonflés, et déplore qu'il existe une culture d'intimidation que la Ville semble pourtant ignorer.  

“C'est clair que la collusion ne se limite pas à l'industrie de la construction,” affirme l'éditeur du magazine Maisonneuve, Drew Nelles. “Cette enquête de fond dans l'industrie du déneigement est un wake-up call: le gouvernement du Québec et l'administration de la Ville doivent prendre au sérieux les allégations de collusion, sinon les contribuables continueront à financer à leur insu, le crime et la corruption à Montréal.”

Je vais pas traduire l'ensemble de leur découvertes, mais j'espère bien que les médias francophones finissent par s'y intéresser eux-aussi et le fasse éventuellement. L'édition du magazine Maisonneuve sera disponible dans les kiosques le 16 décembre.
—As in construction, bid-rigging (la collusion lors des soumission) in snow removal is typically organized during private phone calls, with one source describing the conversations as: “This year you get this one,” or, “This isn’t for you. You’re going to bid on it anyway, and we’re going to tell you how much to bid.”

—Snow-removal companies that don’t play along face an escalating series of threats: sabotage, then bankruptcy and even physical violence. Sources described firebombings, sugared gas tanks, smashed windows and beatings. One borough employee added that this was standard procedure for all publicly-contracted industries. “It’s a silent law that you don’t go bidding on a sidewalk contract in Montreal,” he said. “You’re gonna end up in the river.”

—An analysis of the last twelve years of municipal snow-removal contracts reveals patterns that suggest some companies may have communicated before bidding: when a certain contractor won a bid, the same three or four others were often the losers. Some companies in this group rarely, if ever, won contracts, and some small companies bid suspiciously high on large contracts they seemed incapable of fulfilling.

—Borough records are so patchy that it’s nearly impossible to get a good idea of who is bidding, and how much. Out of the roughly 250 contracts from 1998 to 2010, only nine included the names of the winners and losers, the price of the bid and the total value of the contract.

—Companies that have already been convicted of collusion still win borough snow-removal contracts. One company that was found guilty of bid-rigging in 2000 nonetheless went on to win contracts in 2003, 2004, 2005 and 2009; its criminal past was not mentioned in municipal documents.

—Quebec’s auditor general recommends that public employees take steps to avoid rigged bids, such as contacting companies to ask questions when suspicious circumstances arise. But borough employees said they rarely take this advice, and admitted that collusion is simply the way things work in Montreal. “We work with these guys every day,” one municipal source said of snow-removal contractors. “We play like we don’t know anything.”

—Some sources said the mafia was linked to the largest snow-removal companies. “In the end, it all comes down to the mob,” one suggested. But others said that all snow-removal firms participate in collusion, regardless of ethnicity or links to organized crime. “It’s almost not free enterprise, eh?” one source laughed. “It’s almost like warlords trying to take other guys’ stuff.”

1 commentaire:

  1. Peut-être faudra-t-il que les cols bleus soumissionnent eux aussi. Ce pourrait être une amorce de solution en coupant l'herbe sous le pied de ces abuseurs. On dit qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. Ainsi en demandant des subventions à Québec, les arrondissements pourraient s'équiper de la machinerie nécessaire et faire le travail à bien meilleur coût.

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