Si le Globe and Mail parle avec une certaine admiration des mesures d'apaisement de la circulation proposées sur le Plateau par l'administration du maire Ferrandez, le journaliste Luc Chartrand se plaint de perdre sa voie express qui le mène rapidement du nord de la ville à son stationnement (dont il bénéficie - je spécule ici - fort probablement gratuitement) à la tour de Radio-Canada.
Il n'a toutefois peut-être pas tort d'attribuer ces annonces à l'embourgeoisement du quartier; après tout, les habitants des quartiers moins nantis sont en général moins revendicateurs pour ce genre de choses.
Claude Picher renchérit dans la même veine dans la Presse: à les écouter lui et Luc Chartrand, la transformation des rues Christophe-Colomb et Saint-Hubert de voies de transit à rues résidentielles nuiront "considérablement à l'économie de Montréal". Et de ressortir les exemples de banlieusards qui déclarent sur les lignes ouvertes (audio) qu'il trouvent maintenant plus pratique d'aller au Quartier 10/30, ou même jusqu'à Burlington (!) pour faire leurs magasinage plutôt que d'aller sur le Plateau; comme si ils avaient déjà fréquenté assidûment l'arrondissement, ce dont on peut douter fortement... On s'entend que les expériences ne sont pas tout à fait comparables et ne répondent pas aux mêmes besoins...
Ajout 2010-07-07 : les préjugés anti-transport en commun de Claude Picher se reflètent dans plusieurs de ses chroniques. Commentant le stationnement payant sur rues, en 2009, il affirmait: "Toutes ces tracasseries, paraît-il, ont pour but d'encourager les gens à utiliser les transports en commun. Niaiseries! Ça vous tente beaucoup, vous, de prendre l'autobus pour un souper romantique?". Ça se fait bien en Europe. Pourquoi pas ici? En autant que le service soit efficace, en quoi est-ce moins romantique? Au contraire, ça permet de mieux apprécier l'apéro et le vin au cours du repas sachant que l'on a pas à conduire par la suite.
Et, parmi les raisons expliquant son déménagement en banlieue, cette perle: "Ses chauffeurs d'autobus totalement dépourvus de sens civique, et qui roulent en fous dans de paisibles rues résidentielles". Justement, les mesures d'apaisement de la circulation visent à éviter que des automobilistes ne "roulent en fous dans de paisibles rues résidentielles".
Les residents des quartiers moins nantis ont tendance à être moins organisés, étant donné la nature transitoire du quartier, la manque d'éducation politique, de sensibilisation, etc. Peut-être ils ne voient pas que de telles choses seraient dans le monde du possible, par exemple.
RépondreSupprimerLe livre "Urban Fortunes" par Logan & Molotch que je lis présentement traite beaucoup de ces enjeux.
La fin du royaume de l'auto au Québec ne va pas se passer facilement. Vois par exemple la politique "écolo" du BQ qui vise à installer les voitures électriques partout. Même les voitures électriques ne régleraient rien dans ce cas.