mercredi 22 juin 2011

Révision du plan d'urbanisme: plus de hauteur au centre-ville

L'arrondissement Ville-Marie a élaboré un document intitulé Cadre de révision des hauteurs et densités du centre-ville, dans lequel il propose une modification de certains paramètres du Plan d’urbanisme, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur les futurs développements immobiliers au centre-ville.

Afin de favoriser le développement des nombreux terrains vacants qui affligent encore le centre-ville et ses abord, les hauteurs et densités de construction permises dans certains secteurs seraient augmentées.

D'autre part, à certains autres endroits, les hauteurs permises seraient réduites, afin de préserver certaines vues remarquables vers le Mont-Royal et de mieux protéger le bâti victorien du flanc sud du mont Royal.

Ces modifications seraient effectuées tout en tenant compte de l'approche du précédent plan d'urbanisme, qui consistait à moduler les hauteurs permises selon l’éloignement du cœur du centre-ville, et en les restreignant à proximité de la montagne, de manière à maintenir la lisibilité des deux massifs, et à limiter la hauteur des constructions à celle du Mont-Royal.


Certains propriétaires fonciers bien précis pourraient bénéficier de l'augmentation de la hauteur permise et voir la valeur de leurs propriétés augmenter proportionnellement:

  • les heureux propriétaires des terrains situés boulevard René-Lévesque, entre Guy et Crescent, pourront construire sur 120m plutôt que le 25m qui était autorisé jusqu'à présent. 
  • sur le côté ouest du Square Victoria, Westcliff pourra construire sa Place de la Cité Internationale sur 210m plutôt que 120m.  Il en va de même pour le projet résidentiel situé juste au nord, coin Viger
  • autour de l'intersection Saint-Laurent / de Maisonneuve, la hauteur permise passe de 60m à 80m
  • l'axe de l'autoroute Ville-Marie, dans sa partie encore en tranchée, pourra être construit sur 80m

Si peu de gens contestent la limite de la hauteur des bâtiments au pourtour du Mont-Royal, je m'interroge sur la pertinence de conserver la règle des "deux massifs" dans le nouveau plan d'urbanisme. Est-ce que leur présence constitue véritablement un "plus" au niveau du paysage? Pourquoi limiter la densification aux extrémités du centre-ville? En quoi un "mur" d'immeubles d'hauteur sensiblement égale s'étendant des limites de Westmount à Radio-Canada serait-il moins agréable à voir - ou à vivre - que la "vague" imposée par la réglementation actuelle? Quelle est la justification de cette règle?  Quelqu'un parmi vous, estimés lecteurs, peut nous éclaircir à ce sujet?

Par ailleurs, la lecture du document m'a fait réaliser comment le centre-ville s'était densifié et généralement amélioré au cours des 35 dernières années.  Une carte présentant l'évolution des terrains vacants est particulièrement éloquente:


La diminution du nombre de terrains vacants est frappante.

Finalement, un élément du document vient donner de la crédibilité à la rumeur de la construction d'un nouvel édifice de 40 étages par SNC-Lavalin, dont je vous faisais part il y a quelques semaines.  Un plan, p.42, le montre comme étant un projet déjà "approuvé" par Ville.  La p 17 le présente comme le Complexe Félix-Martin, phase 2.  Un projet qui soulignerait avec éclat le 100e anniversaire de l'entreprise... À suivre!

Le projet SNC-Lavalin est celui identié par la flèche bleue.
Il sera situé sur René-Lévesque, coin Bleury. 

6 commentaires:

  1. Notez l'espace qu'occupe les habitations jeanne-mance. Selon moi cela n'est pas l'endroit pour des habitations subventionnés - il sagit d'un ghetto qui coupe le quartier latin / UQAM / Berri de la trame urbain du centre et du Vieux. Autant d'espace pour si peu de résidents - inclure des residences dans des projets residentiels futur serait bénifique pour la ville et les occupants

    RépondreSupprimer
  2. Je suis partiellement d'accord avec The Producer, il faut conserver la mixité à Montréal, donc, oui aux habitations subventionnées ! Par contre, il faudrait réconfigurer les habitations Jeanne-Mance, pour que d'autres rues puissent les traverser et que d'autres projets résidentiels et/ou commerciales puissent s'y installer et même remplacer un partie des bâtiments existants.

    RépondreSupprimer
  3. Jérôme Laferrière24 juin 2011 à 16:19

    Pour répondre à la question concernant la silhouette en cloche de la ville, c'est probablement pour réduire les effets du vent. Lorsque les bâtiments s'arrêtent abruptement (comme à Central Park, par exemple), l'essentiel du vent descend la façade et forme un rouleau tourbillonnaire à la base qui relève les jupes et renverse les parapluies. Le vent s'engouffre ensuite entre les bâtiments à grande vitesse, causant les coups de vent qu'on connait dans les centre-villes. Faire monter graduellement les hauteurs de bâtiment permet souvent de réduire cet effet.

    RépondreSupprimer
  4. @The Producer & subinense: je suis d'accord que ces terrains pourraient être davantage exploités et mis en valeur. Y avoir créé un ghetto de pauvreté n'était pas l'idée du siècle: c'est maintenant l'un des secteurs les plus "morts" du centre-ville. La mixité est largement plus avantageuse.

    @Jérôme Laferrière: c'est effectivement une bonne raison de conserver la règle de la silhouette en cloche.

    RépondreSupprimer
  5. Daniel-Joseph Chapdelaine29 juin 2011 à 21:07

    Vous demandiez ce qui motivait la Ville de Montréal d'imposer une règle "des deux massifs". "L'Effet Venturi" avancé par monsieur Laferrière peut expliquer une partie de la question, quoique cet effet se fait connaître peu importe la hauteur, la largeur des édifices... ou la superficie d'un centre-ville occupé par des tours. Pour atténuer ces effets, les architectes ont recours à la construction de plus grands basilaires... tout simplement.

    La principale raison de ladite règle est purement discrétionnaire. Elle a été proposée par des urbanistes qui ont produit le plan d'urbanisme de 1992. L'idée a plu et elle a été reprise dans celui de 2004.

    On retrouve les détails de cette volonté dans l'Action 11.4 de l'Objectif 11 du Chapitre 2 de la Première partie du Plan d'urbanisme de la Ville de Montréal. On indique par ailleurs que la règle est "conforme à la règle établie"... sans plus.

    http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=2761,3097714&_dad=portal&_schema=PORTAL

    Des règles semblables existe partout dans le monde. C'est le cas de Ottawa par exemple ou Washington D.C., où il est interdit de dépasser les principaux bâtiments qui font la renommée des deux capitales. Ailleurs, comme à Philadelphia (où l'on interdisait de dépasser la statue de M. Penn, juché sur la tour de l'hôtel de ville) la règle est tombée dans les années 80 suite aux pressions d'entreprises qui voulait construire un premier gratte-ciel (le One Liberty Place).

    Si un jour, les urbanistes de la Ville et nos élus décidaient de mettre de côté cette règle pour Montréal, la construction pourrait reprendre de plus belle sans limite de hauteur. Toutefois, pensez-y un peu, la règle actuelle a beau être purement d'ordre esthétique, elle favorise néanmoins les propriétaires fonciers qui participe à la spéculation, et permet à la Ville de Montréal d'assurer encore pour un certain temps, une dynamique permettant de forcer le développement de terrain vacants afin d'en récolter le fruit des taxes foncières.

    RépondreSupprimer
  6. Daniel-Joseph Chapdelaine29 juin 2011 à 21:19

    Je me permettrais d'ajouter un élément historique au projet du Plan Dozois (connu maintenant sous le nom d'Habitations Jeanne-Mance).

    Comme vous, je suis totalement d'accord pour dire que le projet n'avait pas sa place et n'a plus sa place au centre-ville de Montréal.

    Toutefois, démolir le secteur ou encore le requalifier n'est pas une chose évidente, particulièrement quand l'on sait que l'endroit est destiné à une classe sociale dans le besoin. D'autres administrations municipales se sont plantés en voulant intervenir dans des secteurs semblable... pensons à Regent Park à Toronto par exemple.

    Dans les années 50, le projet avait été présenté par le gouvernement de Maurice Duplessis afin d'aider une tranche de la population vivant dans des conditions lamentables. Monsieur Duplessis n'avait toutefois aucune confiance envers le Maire Jean Drapeau. Drapeau prévoyait pour cet endroit, un projet de requalification urbaine afin d'y installer la Cité des Ondes : un quartier où serait installé l'ensemble des entreprises et sociétés en lien avec les journaux, les stations de radios et de la télé. L'idée n'était pas bête... "nettoyer" le secteur de la "Main" en y amenant d'une part la Place des Arts, d'autres parts, les Médias. L'idée ne plaisait pas à Duplessis... qui est arrivé avec son projet d'appartements. Finalement, le Maire ne pouvait refuser un projet d'habitations subventionnés... et à prévu l'implantation de la Cité des Ondes plus à l'est... là où se retrouve actuellement le Village gai. Radio-Canada et TVA on déménagé... mais le projet n'a jamais levé autour de la rue Panet (qui devait être élargie pour faire place à une "McGill College de l'Est"). Ce n'est que beaucoup plus tard que le Téléport et Radio-Québec s'installeront dans l'Est (peut-être trop!) et certaines stations de radios.

    Duplessis venait donc de "gagner" en implantant son projet d'habitations au coeur du centre-ville... en plein dans les pattes du Maire Drapeau!

    RépondreSupprimer